Mon ado veut être influenceur : bonne ou mauvaise idée ?
Il n’est plus rare, aujourd’hui, d’entendre un adolescent affirmer qu’il veut devenir influenceur. Là où les générations précédentes rêvaient d’être pompiers, architectes ou chanteurs, de plus en plus d’adolescents s’imaginent demain devant une caméra, parlant à une communauté de fans fidèles, recevant des produits gratuits, voyageant et, surtout, étant reconnus. Selon une étude IFOP de 2022, environ 40 % des adolescents âgés de 11 à 14 ans envisagent sérieusement cette voie.
Mais faut-il y voir un simple phénomène de mode ? Une menace ? Ou une opportunité d’expression ? Avant de juger cette aspiration, il est essentiel de comprendre ce qu’elle signifie pour nos adolescents.

Un rêve devenu banal… mais pas anodin
Le métier d’influenceur, tel qu’il est perçu par les jeunes, incarne la liberté : liberté de parole, de création, d’agir en dehors des contraintes classiques du monde professionnel. Les plateformes comme TikTok, Instagram ou YouTube donnent l’impression qu’il suffit d’un téléphone et d’un peu d’originalité pour réussir. Cette illusion de simplicité masque toutefois une réalité bien plus complexe, où la pression psychologique, les mécanismes économiques, et l’exposition publique peuvent s’avérer lourds à porter — surtout pour un esprit en construction.
Derrière l’écran : des réalités souvent invisibles
Il est tentant de croire que devenir influenceur se résume à faire des vidéos amusantes ou des photos bien cadrées. En réalité, les jeunes qui s’y engagent sérieusement découvrent rapidement l’envers du décor : un rythme soutenu, des critiques parfois violentes, et une course permanente à la visibilité. L’histoire de Sulivan Gwed, l’un des premiers adolescents influenceurs en France, est à ce titre éclairante. Lancé sur YouTube dès l’âge de 13 ans, Sulivan est devenu rapidement célèbre, mais il a aussi été la cible d’un harcèlement intense. À 15 ans, une page Facebook appelait même à sa « lapidation », ce qui l’a profondément marqué. Dans son autobiographie Comme une ombre, il confie s’être senti vidé, dépassé par une célébrité qui l’a isolé plus qu’elle ne l’a épanoui.
D’autres témoignages, comme celui de Marion (connue sous le pseudonyme de Zoélamodeuze), mère et influenceuse, confirment que l’exposition numérique n’est jamais anodine. Dans un épisode du podcast Parentalité et Adolescence, elle explique avoir fait le choix de ne jamais exposer ses enfants sur les réseaux, consciente des risques psychologiques et sociaux que cela implique : perte d’intimité, pression sociale, commentaires inappropriés… Le fait que même des professionnels de l’influence adoptent une posture protectrice en dit long sur les dangers potentiels de cette activité.
Ce que disent les spécialistes : attention à la santé mentale
De nombreux psychologues et chercheurs alertent sur les effets des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes, et plus encore lorsqu’ils sont dans une démarche active de production de contenu. La docteure Linda Papadopoulos, psychologue clinicienne reconnue, souligne que l’exposition à des influenceurs façonne l’estime de soi des adolescents : ces derniers se comparent sans cesse à des standards inaccessibles, à des vies retouchées, et peuvent développer des sentiments d’inadéquation, voire de dépression. Dans ses interventions pour la plateforme Internet Matters, elle rappelle que « les réseaux sociaux montrent des versions idéalisées de la réalité qui peuvent profondément altérer la perception de soi des jeunes ».
Une étude publiée dans Social Science et Medicine en 2022 confirme cette inquiétude. Elle met en évidence une corrélation entre l’usage intensif des réseaux sociaux et une baisse d’estime personnelle, ainsi qu’une augmentation des troubles anxieux, du repli sur soi, et de comportements à risque (comme la sexualisation précoce ou l’addiction à l’image). Ces effets sont d’autant plus marqués chez les jeunes qui cherchent activement à être visibles, appréciés, suivis.
L’encadrement juridique existe… mais reste fragile
Face à l’explosion du phénomène, la France a pris une mesure pionnière en 2020 en votant une loi spécifique aux enfants influenceurs. Ce texte vise à protéger les mineurs monétisant leur image en ligne. Il impose aux parents de déclarer à la préfecture l’activité d’influence de leur enfant, encadre les horaires de travail numérique, et garantit que les revenus générés seront protégés sur un compte bloqué jusqu’à la majorité. Mais ces lois sont encore mal connues et peu appliquées, surtout lorsqu’il s’agit d’influence “amateur”.
En réalité, de nombreux adolescents s’engagent dans la création de contenu sans encadrement, sans contrat, et sans conscience des implications légales : droit à l’image, droit à l’oubli, responsabilité civile… Une vidéo innocente postée à 13 ans peut resurgir à 25, avec des conséquences bien réelles sur la vie personnelle ou professionnelle.
Que peuvent faire les parents ?
La première tentation, face à une telle demande, est souvent de dire non. Mais interdire ne suffit pas. Ce refus peut générer frustration, incompréhension, voire rupture du dialogue. Il est bien plus efficace d’ouvrir la discussion : Pourquoi veux-tu être influenceur ? Qu’est-ce que tu aimerais partager ? Que cherches-tu à exprimer ou obtenir ? Ces questions permettent de cerner les motivations réelles de l’adolescent — souvent bien plus profondes qu’un simple désir de gloire.
Une fois le dialogue établi, il est essentiel de mettre en place un cadre sécurisant. Cela peut passer par l’obligation de garder un compte privé, de limiter les publications à un cercle restreint, de définir des créneaux horaires dédiés, ou encore d’accompagner l’ado dans la création (montage, choix des sujets, réponse aux commentaires…). Plus l’adolescent se sent soutenu, plus il est à même de développer un regard critique sur ses pratiques et sur celles des autres.
Enfin, il est crucial d’encourager la diversification des activités. Être créatif ne passe pas que par TikTok ou Instagram : théâtre, podcast, dessin, vidéo, journal scolaire… peuvent offrir un espace d’expression tout aussi riche, sans les effets pervers du numérique.
Vigiloo : un outil pour prévenir sans interdire
Chez Vigiloo, nous savons que les réseaux sociaux sont à la fois des opportunités et des menaces. C’est pourquoi nous avons conçu une plateforme qui aide les familles à naviguer dans cette zone floue. Vigiloo permet notamment de :
- Détecter les signes de suralimentation numérique ou de dépendance
- Analyser les contenus visionnés ou produits
- Identifier les commentaires toxiques
- Créer un espace de dialogue régulier et structuré entre parents et adolescents.
Notre but n’est pas de fliquer, mais d’éduquer. De responsabiliser. D’offrir aux familles des outils modernes pour des enjeux modernes.
Conclusion : influenceur, pourquoi pas… mais pas sans garde-fous
Le désir de devenir influenceur n’est pas absurde. Il est le reflet d’un monde qui change, d’une jeunesse en quête d’expression, de reconnaissance et de créativité. Mais ce rêve, s’il est mal encadré, peut vite virer au cauchemar numérique. C’est pourquoi il est essentiel que les parents jouent leur rôle d’accompagnateurs, de guides et de repères.
Avec du dialogue, des limites claires, et des outils adaptés comme Vigiloo, il est possible de transformer cette aspiration en terrain d’apprentissage et non en piège virtuel.
Pour aller plus loin, découvrez nos guides pratiques pour accompagner votre enfant pas à pas dans son apprentissage du numérique.